Entre
Ombre et Lumière
Main
Characters: Éowyn,
Faramir
Rating: PG-13
Pairings: Faramir/Éowyn
Genre: Drame/Romance
Length: Nouvelle
Summary: La
nuit suivant l’enterrement de Théoden Roi, Éowyn
ne parvient pas à trouver le sommeil.
~***~
Nuit
du 10 au 11 août 3019 T-A, Édoras.
La
nuit avait étendu son sombre manteau sur Édoras, plongeant
la ville dans un repos mérité. Tout était à
présent silence, doux silence qui rappelait à tous
que des temps de paix étaient venus, sous la conduite bienveillante
d’Elessar et du nouveau roi du Rohan, Éomer Éadig.
La Terre du Milieu sortait enfin de l’obscurité du
Tiers-Age et s’apprêtait à fêter l’avènement
d’un nouveau cycle. Tout allait donc aussi bien que l’on
pouvait l’espérer et chacun s’était abandonné
au sommeil.
Mais
Éowyn ne pouvait dormir. Bien que ses paupières soient
lourdes, son esprit était trop agité pour sombrer
dans une inconscience réparatrice. Ses pas légers
produisaient un faible écho, tandis qu’elle traversait
avec hâte les couloirs du château. Elle ouvrit une porte
et se retrouva soudain à l’extérieur, goûtant
avec délice l’air frais qui déferlait sur elle.
L’atmosphère, chargée d’humidité,
lui amenait une forte odeur boisée, tandis que la Dame de
Rohan s’éloignait un peu plus de l’édifice,
perdue dans ses souvenirs.
Une
goutte vint soudain s’écraser sur son épaule,
une autre sur le sommet de son crâne et la pluie commença
à tomber. Doucement d’abord, telle une légère
bruine d’été puis de plus en plus fort, inondant
le paysage. Éowyn n’avait pas bougé. Sa robe
blanche flottait au gré des bourrasques de vent mais elle
s’en moquait. Le visage levé vers le ciel, elle accueillait
la pluie, la mêlant à ses larmes depuis trop longtemps
retenues. Éowyn, Dame Protectrice du Rohan, dure et froide
comme l’acier, se laissait finalement aller à la douleur.
Elle ferma ses yeux rougis, et, insensible à la morsure du
vent, se laissa aller à ses tristes pensées.
Les
funérailles de Théoden Roi avaient eu lieu le jour
même, sous un ciel alourdi de nuages. La procession avait
lentement pris la direction de la colline couverte de symbelmynë,
là où reposait déjà Théodred
et tous les valeureux membres de la Maison d’Éorl.
Éowyn avait accompagné le cercueil du regard, son
visage ne trahissant aucune émotion. Sa posture était
fière, son visage fermé et son regard perdu dans le
lointain, tandis que l’on mettait le roi en terre. Alors,
tout comme elle l’avait fait pour son cousin, la Dame Blanche
se mit à chanter.
Et
tandis que les paroles s’égrainaient, des images vinrent
se superposer à la déchirante mélodie. Visions
d’une bête immonde et de son cavalier plus noir que
la nuit, souvenir d’une ombre immense qui l’avaient
engloutie et de son oncle agonisant sous le poids de Nivacrin, son
fidèle destrier. Rappel de la peur, de la souffrance et de
la peine, de sa tristesse et de son indéfectible recherche
de la mort… Une main, diffusant une douce chaleur sur son
épaule, la fit sursauter. Tournant légèrement
la tête, Éowyn rencontra le regard inquiet de Faramir.
Elle lui sourit faiblement, dans un maladroit effort pour le rassurer.
Elle savait qu’il comprenait son tourment. La tragique disparition
de son père avait dû être une douloureuse épreuve.
Il lui sourit à son tour et resta à ses côtés
jusqu’à la fin de la cérémonie. En ce
jour de deuil, Faramir était le rayon de soleil qui parvenait
à percer les nuages de son esprit troublé. Inconsciemment,
elle glissa sa main dans la sienne et l’y laissa.
“Faramir…”
murmura la jeune femme.
***
Faramir
se dressa sur son lit, réveillé par un de ces cauchemars
remplis de flammes et du goût âcre de l’huile,
où la voix de Denethor perçait, rauque et brisée.
Puis il y avait l’Ombre, le grand froid… Le jeune intendant
soupira. Ce n’était pas le premier et ce ne serait
sûrement pas le dernier. Faramir se leva, désireux
de dissiper les dernières brumes du songe. Se dirigeant vers
la fenêtre, il observa distraitement la pluie tomber en cordes
sur la terre du Rohan. Ses yeux exercés aperçurent
alors une tache blanche se détachant au milieu de la tempête.
Pris
d’une impulsion subite, il s’habilla rapidement, enfila
une lourde cape et se dirigea vers l’entrée du palais,
le cœur battant. Pour une fois, il espérait que ses
sens elfiques l’avaient trompé. Faramir se retrouva
bientôt sous le rideau de pluie battante, tentant de repérer
la forme enveloppée de blanc qu’il avait aperçu
quelques minutes auparavant de la fenêtre de sa chambre.
Quand
il la vit, il n’eut plus aucun doute. Il avait devant lui
sa bien-aimée Éowyn. Les yeux clos, la jeune femme
se tenait sans bouger, sa longue robe blanche gorgée d’eau,
apparemment inconsciente du monde autour d’elle. Faramir s’avança
avec précaution, pour ne pas l’effrayer.
“Éowyn,
Ma Dame…” murmura-t-il.
l
se glissa derrière elle, défit sa cape et la posa
délicatement suis les épaules de sa fiancée,
tout comme il l’avait fait quelque temps plus tôt dans
les Maisons de la Guérison avec la mante de sa mère
Finduilas. Ce geste réveilla Éowyn, qui se tourna
vers lui dans un mouvement rapide et gracieux, et le projeta à
terre.
“Qui
êtes-vous ? ” lui intima-t-elle, d’une voix
froide et menaçante.
“Faramir,
Intendant du Gondor, pour vous servir Ma Dame”
La
jeune femme cligna des yeux, se débarrassant des gouttelettes
de pluie qui obscurcissaient sa vue.
“Faramir !
Je suis si désolée ! Je croyais que…”
Elle
lui tendit la main pour l’aider à se relever et Faramir,
pris d’un enfantin désir de vengeance, l’amena
le rejoindre sur le sol. Éowyn se retrouva soudain le dos
contre la terre meuble, Faramir penché au-dessus d’elle,
un petit sourire aux lèvres. La chaleur du corps de son promis
était agréable à son côté et elle
se rendit compte à quel point elle était trempée.
Un long frisson la parcourut et elle se colla le plus près
possible de Faramir.
“J’ai
froid” murmura-t-elle.
Redevenu
sérieux, Faramir l’aida à se relever et rajusta
la lourde cape sur ses épaules, refermant le col avec précaution.
La
jeune femme releva la tête et plongea son regard dans celui
de Faramir. Il lui sourit timidement tandis qu’elle se hissait
sur la pointe des pieds pour poser un doux baiser sur ses lèvres,
ses bras glissant autour de son cou. Leur étreinte se fit
plus hardie et ce fut l’absence de gouttes tombant sur leurs
visages qui les sortit de leur transe.
Main
dans la main, ils reprirent le chemin de Méduseld, sans un
mot. Faramir n’avait pas posé de question sur la raison
de sa présence hors des murs du château, et Éowyn
lui en était reconnaissante. Peut-être comprenait-il
sa douleur, lui qui avait perdu tant de personnes chères
à son cœur… Sa mère, son frère,
son père…
Elle
le regarda du coin de l’œil, tendrement. Elle qui était
restée si longtemps dans l’obscurité et la peur,
voilà qu’à présent elle se sentait étrangement
légère et en paix.
“Westu
cher oncle” lâcha-t-elle en pénétrant
dans la bâtisse, tandis que les premières lueurs de
l’aube caressait le Rohan.
Elle
était passée de l’ombre à la lumière.
FIN |